L’exposition Flat Monuments s’inspire du travail écrit et
photographique «A tour of the monuments of Passaic», que
l’artiste américain Robert Smithson a réalisé en 1967.
Dans son texte, qui mêle récit, observations et fragments
poétiques, Smithson décrit sa rencontre avec le paysage urbain
de New Jersey et développe l’idée de « ruins in reverse ».
Il qualifie ainsi des bâtiments qui ne tombent pas en ruine
après être réalisés, mais qui sont déjà des ruines avant
même d’être terminés.
Au LABO, l’intervention de K. Irobalieva se décline en un
ensemble de dessins, sculptures et peintures organisés en
prenant en compte la spécificité de cet espace. L’artiste puise
dans ses archives des images d’hôtels ou de diverses architectures
contemporaines, qu’elle retravaille en lien avec le concept de
« ruins in reverse » afin d’établir un dialogue entre le regard
que portait Smithson durant les années 1970 sur le paysage et
des environnements actuels.
Dans une série de dessins, K. Irobalieva applique ce concept à
des constructions émanant de l’industrie touristique sur les
bords de la mer Noire. Bâtis dans l’urgence ces hôtels n’ont
jamais été achevés et leur existence est déjà mise en péril
par des raisons économiques. Abandonnés aux alentours des stations
balnéaires, ils confèrent au paysage l’allure de décors de cinéma.
Toujours dans cette même idée, les céramiques de K. Irobalieva
traitent du rapport entre l’architecture et son image et plus
largement, entre l’objet et son inscription temporelle ou
historique. Ce travail explore la suspension dans le temps,
l’indétermination entre passé et futur.
Enfin, les peintures exposées se jouent aussi du temps qui passe.
L’artiste les a composé de multiples couches de peinture à l’huile
et de peinture à l’eau, questionnant ainsi une certaine hiérarchie
matérielle au sein du médium. Ces tableaux sont remplis de fragments
figuratifs et abstraits juxtaposées, comme si l’image ne se limitait
pas à leurs formats, mais était arrachée d’un ensemble plus vaste.
Cette fragmentation évoque un statut d’ «intervalle» de l’œuvre
d’art, dépourvue de toute fondation. L’exposition se lit alors
comme un ensemble dont les éléments sont des fragments
«archéologisés», acteurs d’un futur antérieur, d’une temporalité
sans inscription fixe.

crayon sur papier, 54 x 43 cm,encadré
Flat monuments: crayon sur papier, 54 x 43 cm,encadré


 


 

papier / 54 x 43 cm / encadrés
Flat monuments / crayons couleur: papier / 54 x 43 cm / encadrés